Fréquemment utilisée dans les crèches et au sein des familles outre-Atlantique, la communication gestuelle permet d’établir un lien entre adultes et bébés. Une façon de « parler » qui commence à trouver son chemin en France, et notamment à la crèche de Plobsheim, choisie par l’AGF comme site pilote en Alsace....

Collés au menton, les doigts partent vers l’avant, comme pour donner un bisou qui vole : ça veut dire « Bonjour », en langue des bébés. Une drôle de langue pratiquée depuis quelques semaines à la crèche des P’tits Écureuils de Plobsheim, gérée par l’Association générale des familles (AGF). La porte de la crèche à peine passée, parents, enfants et professionnels pratiquent ce que l’on appelle plus sérieusement la communication gestuelle. Un moyen simple pour permettre le contact entre tout-petits et adultes. Comme la langue des signes en somme ? « Non, même si cette communication gestuelle s’en inspire », tempère Geneviève Hartland, responsable du service familial et social à l’AGF et à l’initiative du projet. « On change la couche ? » « Tu as faim ? », « Soif ? »… À chacun de ces besoins immédiats de bébé, il s’agit d’associer un geste simple aux mots.

Moins de pleurs, plus de confiance

« Quand nous avons commencé à "signer", les bébés nous regardaient avec de drôles d’yeux, témoigne Céline Martin, directrice de la crèche. Mais, très vite, ils ont compris le sens des gestes, et, peu à peu, ils les ont reproduits. Par un seul geste, l’enfant peut me dire ce dont il a besoin et cela simplifie nos échanges. ». Le résultat ne s’est pas fait attendre : le volume sonore a clairement baissé : « L’enfant voit qu’il a été compris, se sent en confiance et n’a plus besoin de pleurer pour se faire entendre », ajoute la directrice. Cette forme de communication « permet de créer un autre lien avec l’enfant et d’améliorer la qualité de son accueil dans la structure : nous regardons l’enfant les yeux dans les yeux pour que le signe puisse être vu et qu’il y ait une réponse, de l’un ou de l’autre ».

Au stade actuel de l’expérience, toute l’équipe de la crèche utilise les signes avec les tout-petits. « Les plus grands "signent" aussi un peu, plutôt par jeu ou pour communiquer avec les bébés. » Ces gestes pour se faire comprendre ne risquent-ils pas de perturber l’acquisition du langage parlé ? En aucune façon, selon Geneviève Hartland : « De nombreuses études, menées depuis 20 ans, indiquent que cela ne retarde pas la parole. Le geste ne remplace pas le mot, mais l’accompagne, puisque nous "signons" par exemple "couche" tout en demandant oralement au bébé s’il souhaite que l’on change sa couche. »

Un grand bonheur

Compréhension mutuelle, confiance accrue, pleurs moins fréquents : « Vraiment, ce n’est que du positif » pour Céline Martin. « Le plus grand bonheur, c’est lorsque l’enfant "signe" pour la première fois », confie-t-elle . Un bonheur partagé par les parents, car « les enfants "signent" sans doute aussi chez eux », complète-t-elle. « Depuis quelques jours, Etienne nous fait signe quand il veut encore quelque chose à manger, s’il a soif, ou lorsqu’il veut encore écouter sa maman chanter, témoigne un jeune papa, C’est assez incroyable. ». La maman d’Étienne confirme : « Son premier signe – il avait soif — m’a fait autant d’effet que son premier "Maman"… »

Source: www.lalsace.fr
Auteur: Anne Suply